Aiguille du Chardonnet - Éperon Migot "Intégrale"

Massif: Mont Blanc
Orientation: Nord
Cotations: D IV M3
Altitude: 1453m / 3824m
Itinéraire: Lien Camptocamp

Après plusieurs semaines de grimpe acharnée, il est temps de retourner en montagne. Les conditions du moment sont excellentes, beaucoup de neige est tombée, les glaciers sont bien bouchés et de nombreux itinéraires sont possibles. Cependant, beaucoup de précipitations encore et des fins d'après midi souvent orageuses: Il est essentiel de tenir les horaires.

Cela fait longtemps que nous regardons cet itinéraire mythique. JB avait déjà fait l'arête Forbes l'année dernière, mais dans des conditions exécrables. Quant à moi je n'ai encore jamais gravi ce sommet emblématique.

Visiblement, nous n'étions pas les seuls à souhaiter aller en montagne, la gardienne du refuge Albert 1er nous annonce être complet pour la nuit souhaitée. Après une courte réflexion, nous partirons de la vallée pour un one push.

Après une journée glande, nous partons donc en mode light du parking du Tour à minuit. De nuit tout est plus rapide, nous avalons les quelques 1000m de d+ nous séparant du refuge en 1h30. Le temps de changer de t-shirt et de manger quelques barres, nous croisons les premiers alpinistes se préparant pour leur ascension.

Vingt minutes plus tard, nous repartons sur le glacier en direction du Chardonnet. Le regel est parfait, le glacier est lisse et bouché, la marche d'approche est vite avalée. En s'arrêtant à la rimaye pour modifier l'encordement, nous remarquons plusieurs paramètres à prendre en compte:

  • JB n'a plus d'eau, son camelback semble percé. C'est donc ça qui a fuité dans le salon... Nous avons donc environ 2 litres à se partager pour la journée.
  • Les barres énergétiques ne sont pas dans mon sac, oubliées sur la table à la maison, et celles de JB disparues ! Il nous reste donc un cul de saucisson, un bout de fromage et un sachet de lentilles pour la journée.

Tant pis pour nous, nous avions qu'à être moins négligents à la préparation. Nous attaquons donc la voie avec des sacs très légers.

Après le passage de la rimaye qui se fait sans encombre, la première section consiste en une pente de neige, suivie d'une étroite cheminée en glace. La section est quasiment verticale et assez malcommode. Le dos raclant sur le rocher et il est difficile de se placer, et de planter les piolets. Après avoir passé cette section, je fais relais sur becquet, puis j'assure JB qui me seconde. Il prend ensuite le lead et passe sans encombre une section mixte qui nous surplombe.

Nous rejoignons ensuite une arête en neige et après quelques minutes, l'itinéraire de l'éperon Migot "classique", ainsi que plusieurs cordées. Au pied de la section mixte, il y a embouteillage.

La section mixte passée, la vue se dégage, encore un petit effort à fournir!

Nous attendons patiemment notre tour, l’œil attentifs aux glaçons et autres projectiles décrochés par certains alpinistes un peu trop enjoués à planter leurs piolets ou leurs crampons. L'attente est longue, et dangereuse, mais une fois notre tour, 2 longueurs nous permettent de se déporter un peu de l'axe critique et de rejoindre les pentes de neige menant à l'arête sommitale. Nous faisons monter un peu le palpitant puis passons les dernières difficultés en assurant chacun de nos pas. Le sommet est atteint à 8h30.

La vue est magnifique. D'un côté, le glacier du Tour et le plateau du Trient, plats, désertiques, immaculés. De l'autre le glacier d'Argentière surplombé par les Droites, les Courtes, la Verte, et leur face Nord tout en neige... mythiques.

Nous nous autorisons une pause bien méritée pour prendre une ou deux photos, boire un coup et manger le peu de casse croûte qui traîne au fond du sac.

Malgré des appréhensions, la descente va très bien se dérouler. Une cordée nous flashant l'itinéraire, nous dés-escaladons quasiment tout le couloir et ces derniers nous autorisent même à faire le dernier rappel sur leur corde. Merci à Marion & Arnaud! Une fois pris pied sur le glacier, nous aidons un parapentiste à décoller et son collègue rejoint notre cordée pour le long et fastidieux retour.

Nous atteignons le refuge vers 12h30, puis la voiture à 14h après 2400m de descente, les jambes lourdes et les pieds douloureux.

Nous avons pris un plaisir fou à parcourir cet itinéraire splendide, dans des conditions quasi parfaites. Je conseille vivement cette course pour tout alpiniste expérimenté souhaitant parcourir un sommet d'ampleur par un itinéraire varié et... splendide!